Nous sommes opérationnels pendant les crises épidémiques grâce aux satellites
Jean-Luc Gala, Médecin Université Catholique de Louvain, Belgique
L’objectif du projet B-LiFE (Biological Light Fieldable Laboratory for Emergencies) de ESA Space Solutions est d’amener une capacité de diagnostic au plus près de la zone de crise, fournissant ainsi un élément essentiel de réponse d’urgence rapide tout en préservant la sécurité des personnels déployés et des populations environnantes. B-LiFE a déjà été déployé avec succès en Guinée pour lutter contre l’épidémie d’Ebola de 2014-2015 et également en 2020 lors de la crise Covid en Italie.
Interview
Je suis docteur en médecine, titulaire d’une thèse de doctorat. et professeur ordinaire à l’Université Catholique de Louvain. Mes activités sont médicales, mais aussi académiques en tant que chercheur et professeur, et j’ai un passé militaire qui m’a amené à concevoir, développer et diriger le laboratoire mobile B-LiFE.
Nous avons récemment déployé B-LiFE dans le nord de l’Italie, dans le Piémont, à la demande des autorités de santé piémontaise dans le cadre de la crise du COVID.
Nous avons fait du screening de masse pour le COVID en nous déployant dans deux localisations différentes et successives: Turin et Novara.
Le concept du laboratoire mobile rapidement déployable en situation de crise est original car il intègre toutes une série de technologies issues de la recherche spatiale.
Un deuxième déploiement notoire a été pour l’épidémie EBOLA en Afrique de l’Ouest, lors des années 2014-2015, pendant plus de trois mois. Nous avons fait des centaines voir des milliers de tests EBOLA . Nous étions en appui d’un hôpital de campagne, le Centre EBOLA, sous la direction de l’ONG française ALIMA.
Sa finalité est de fournir au laboratoire B-LiFE une grande autonomie en matière de communication et d’échanges de toutes sortes.
Quelles sont ces fameuses technologies spatiales utilisées dans B-LiFE? Tout d’abord, c’est la capacité de communiquer de manière réciproque. Nous pouvons nous même parler mais aussi écouter, et recevoir des informations du monde extérieur ou des centres opérationnels. Nous pouvons chercher de l’information, ou la fournir à des centres opérationnels.
C’est la capacité bi-directionnelle de communication obtenue grâce aux capacités satellites. A cela s’ajoutent des fonctions moins triviales ou plus originales, qui sont issues des technologies d’Observation de la Terre, à travers l’activation de services de l’Agence Spatiale Européenne, c’est à dire de Copernicus.
Elles permettent via les satellites d’établir une cartographie de l’endroit où le laboratoire “va se déployer”, lors de la préparation de la mission, ou bien “est déployé”
et c’est ce qui va contribuer à augmenter la sécurité de la mission. Cette cartographie nous permet de définir des voies de sortie (Exit strategies), au cas où le laboratoire serait confronté à une situation politiquement très instable et où il faudrait évacuer de toute urgence le personnel. Nous nous trouvons parfois dans des zones où il n’y a pas de cartes.
On a beau aller sur Google Map, il n’y a pas de carte, pas de routes reconnaissables. L’intérêt d’utiliser ces technologies européennes d’observation de la Terre est de pouvoir bien définir les possibilités de sortie de la zone dans lequel le laboratoire est déployé, voir même de localiser les personnes qui sont en dehors de l’entité déployée. En situation de crise, il arrive que le personnel aille chercher des échantillons à l’extérieur, parfois à plusieurs dizaines de kilomètres du camp de base. Nous utilisons alors le géopositionnement avec des technologies de type GPS.
Ce sont des technologies de tous les jours que l’on intègre dans des applications originales nous permet de localiser le personnel qui est à l’extérieur. Cela rajoute une couche de sécurité pour la bonne exécution de la mission et la protection du personnel.
Ces différents moyens combinés nous permettent d’établir aussi quelque chose qui est très utile, voir nécessaire en temps de crise , c’est
la cartographie épidémiologique : reproduire en temps réel sur une carte récente, d’où l’utilisation des services Copernicus, l’ensemble des données épidémiologiques
des personnes qui sont affectées par une maladie, visualiser les clusters, les groupes de malades, où ils se situent préférentiellement, est-ce qu’une région va bien au cours du temps ou au contraire se dégrade en terme d’épidémiologie et de progression de la maladie.
L’intégration des technologies spatiales apportent énormément de flexibilité et d’efficacité à cette capacité opérationnelle.
Galerie
Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge
En voir plus