ODD 5. Égalité entre les sexes

Les parents doivent encourager leurs filles à s’intéresser aux phénomènes de l’univers, et à nous aider à élucider leurs mystères

A new study of the Perseus galaxy cluster has revealed a mysterious X-ray signal in the data. The signal is also seen in over 70 other galaxy clusters using XMM-Newton. This unidentified signal requires further investigation to confirm both its existence and nature, but one possibility is that it represents the decay of ‘sterile neutrinos’, one proposed candidate to explain dark matter.

Marie Korsaga, Astrophysicienne, Ouagadougou, Burkina Faso

Quand je suis arrivée à l’université, inscrite en mathématique et en physique, j’ai été confrontée à des propos tels que “c’est trop difficile”, “que je n’allais pas m’en sortir et que je n’allais pas pouvoir faire carrière dans ce domaine”, et que même “j’allais rester célibataire à vie parce qu’aucun homme ne voudra d’une femme qui fait ce genre d’études”. Heureusement, j’ai eu des parents compréhensifs et qui m’ont soutenue dans mon choix de carrière.

Interview

Marie Korsaga, l'une des premières femmes astrophysiciennes en Afrique de l'Ouest.
Photo: Sophie Garcia

Je m’appelle Marie Korsaga, Je suis chercheure en astrophysique, et je réside au Burkina Faso. C’est vrai que je suis une des premières femmes astrophysiciennes en Afrique de l’Ouest. Jusqu’à ce que je soutienne ma thèse de doctorat en astrophysique, je ne savais pas qu’en Afrique de l’ouest, il n’y avait pas encore des femmes docteur en astrophysique.

On compte pourtant dans la région une dizaine d’hommes astrophysiciens. Cela révèle qu’il n’y a pas de parité homme-femme dans le domaine des sciences, qu’il y a une grande inégalité dans ce domaine et qu’il reste beaucoup à faire. 

Le sujet de cette image du télescope spatial Hubble de la NASA/ESA est une galaxie naine nommée NGC 5949. Grâce à sa proximité avec la Terre - elle se trouve à une distance d'environ 44 millions d'années-lumière de nous, la plaçant dans le voisinage cosmique de la Voie lactée - NGC 5949 est une cible parfaite pour les astronomes pour étudier les galaxies naines.
Image: ESA/Hubble & NASA CC BY 4.0

Comment j’en suis arrivée à devenir astrophysicienne ? Je dirais que, depuis que je suis enfant, je me suis toujours intéressée aux phénomènes de l’univers: l’apparition de la vie sur Terre, les éclipses,  l’existence d’une autre vie au-delà de notre planète Terre. Je me posais déjà ces questions mais je ne savais pas que je pourrais devenir astrophysicienne et faire carrière dans ce domaine parce que l’astrophysique était encore un domaine inconnu au Burkina. En grandissant, j’avais l’intention de devenir ingénieure en génie civile. Quand je suis arrivée à l’université, je me suis inscrite en mathématique et en physique, où j’ai fait ma première et deuxième année. Après j’ai continué en licence et en maîtrise de physique et, à ma grande surprise, quand j’étais en licence, l’astronomie venait d’être intégrée comme matière optionnelle en physique. Je n’ai donc pas hésité à suivre les cours. J’étais fascinée par ce que j’apprenais et par les réponses à toutes les questions que je me posais depuis mon enfance ; J’ai appris aussi que l’univers regorge de mystères qui reste à être élucidés, et j’ai donc décidé de continuer dans ce domaine.

C’est vrai qu’il n’y a pas de DEA en astrophysique au Burkina, mais il y a un DEA en physique appliquée et, pendant le DEA on a la possibilité de choisir comme option de recherche l’astrophysique, c’est donc ce que j’ai fait. Pendant mon DEA, j’ai travaillé sur les naines brunes qui sont des objets à mi-chemin entre les étoiles et les planètes. Ce sont des objets plus massifs que les planètes, mais moins massifs que les étoiles. Après mon DEA, comme j’avais déjà appris que l’univers regorgeait d’une quantité de matière invisible qui reste à être élucidée, j’ai décidé de poursuivre une thèse de doctorat pour mieux comprendre cette matière qui est la matière noire. J’ai décidé de suivre une thèse de doctorat en France, et plus précisément au laboratoire d’astrophysique de Marseille. Quand je suis arrivée, j’ai fait un stage pour me mettre à niveau dans le domaine de la recherche et apprendre à utiliser les télescopes de recherche. Après le stage, j’ai commencé ma thèse de doctorat et j’ai travaillé sur la distribution de la matière noire dans les galaxies conjointement avec l’université de Cape Town. Mon domaine de recherche est la dynamique des galaxies. J’étudie comment la matière est distribuée à l’intérieur des galaxies afin de mieux comprendre comment les galaxies se forment et évoluent avec le temps; Quand je parle de comment la matière est distribuée, je fais allusion à la matière baryonique, c’est à dire la matière observable et la matière noire.

Les galaxies abondent dans cette image spectaculaire prise par le télescope Hubble de la NASA/ESA ; Les amas de galaxies sont parmi les objets les plus intéressants du cosmos. Ce sont les nœuds de la toile cosmique qui imprègne tout l'Univers — les étudier, c'est étudier l'organisation de la matière à la plus grande des échelles. Non seulement les amas de galaxies sont des sujets idéaux pour l'étude de la matière noire et de l'énergie noire, mais ils permettent également l'étude de galaxies plus lointaines.
Image: ESA/Hubble & NASA, RELICS, CC BY 4.0

Un autre point que j’aimerais soulever aussi c’est le stéréotype de genre. Dans nos sociétés, les gens ont la tendance à dire que les filières scientifiques sont plus adaptées aux hommes qu’aux femmes. Cela crée déjà des barrières pour les jeunes filles, car même si elles décident d’embrasser les filières scientifiques, elles ont tendance à abandonner dès les premiers obstacles qu’elles rencontrent. Je pense qu’il faut d’abord sensibiliser les gens à se mettre dans la tête que, comme les garçons, les filles aussi peuvent exceller dans les domaines scientifiques.

Je dirais que, comme toute science, l’astronomie peut participer à une meilleure égalité hommes-femmes, parce que si les politiques d’égalité sont bien appliquées cela va permettre aux filles et aux femmes d’avoir accès au domaine scientifique et d’avoir une place importante dans le domaine de la science quelle que soit leur couche sociale, défavorisée ou favorisée. Je pense qu’il suffit d’avoir une politique forte et d’appliquer cette politique pour avoir une égalité homme-femme dans le domaine des sciences.

Cette image offre un instantané d’une simulation cosmologique d’un Globule Lyman-alpha semblable à LAB-1. Cette simulation retrace l’évolution du gaz et de la matière noire prédite par l’un des derniers modèles de formation galactique exécuté sur le supercalculateur Pléiades de la NASA. Sur cette image figure la distribution de gaz au sein du halo de matière noire, le code couleur utilisé conférant au gaz froid (principalement de l’hydrogène neutre) la couleur rouge et au gaz chaud la couleur blanche. Nichées au cœur de ce système figurent deux galaxies caractérisées par des taux élevés de formation stellaire, entourées de gaz chaud et de nombreuses galaxies satellites de plus petite taille apparaissant comme autant de petits amas de gaz rouge. Les photons Lyman-alpha s’échappent des galaxies centrales et dispersent le gaz froid associé à ces satellites pour finalement donner lieu à un Globule Lyman-alpha étendu.
Image: ESO/ J.Geach/D.Narayanan/R.Crain

Je me rappelle bien que quand je suis arrivée à l’université et que je me suis inscrite en mathématique et physique, j’ai été confrontées à des propos tels que “c’est trop difficile”, “que je n’allais pas m’en sortir et que je n’allais pas pouvoir faire carrière dans ce domaine”, et que même “j’allais rester célibataire à vie parce qu’aucun homme ne voudra d’une femme qui fait ce genre d’études”. Ce sont des obstacles, des mots que n’encouragent pas; Heureusement, j’ai eu des parents compréhensifs et qui m’ont soutenu dans mon choix de carrière. Cela m’a permis d’avoir confiance en moi pour braver les obstacles, et même si à un moment donné de mon parcours scolaire j’ai rencontré des difficultés, je n’ai pas baissé les bras, je me suis forgée pour aller de l’avant.

Souvent, on voit dans nos universités que les femmes n’ont pas un milieu propice pour elles, même en terme de toilettes, c’est souvent difficile, donc il faut d’abord créer ce milieu propice.

Je pense que l’astronomie peut réduire les inégalités plus généralement, parce qu’en plus d’être une science fascinante, elle peut être utilisée comme un outil de développement. C’est le cas de l’Office de l’Astronomie pour Développement qui est un organisme basé à Cape Town en Afrique du Sud et qui a pour objectif principal d’utiliser l’astronomie comme un outil de développement un peu partout dans le monde, en mettant l’accent sur les pays en voie de développement, et en accompagnant des projets liés à l’éducation, et au tourisme éducationnel par exemple. Je peux prendre l’exemple de l’installation d’un télescope à Sutherland, une localité en Afrique du Sud.

L’installation de ce télescope a contribué à la vulgarisation de la science dans cette localité mais aussi à la création d’emplois pour les jeunes, tout en boostant l’économie et les infrastructures sur place. Le message que je voudrais adresser au public, c’est que l’astronomie est une science passionnante et fascinante et qu’il reste beaucoup de mystères à élucider. Donc si vous êtes intéressés par l’astronomie, il ne faut pas hésiter, il faut vous lancer dedans! J’aimerais ajouter que l’astronomie n’est pas un domaine dédié aux hommes mais les femmes aussi peuvent s’intéresser à l’astronomie, donc c’est important que les parents encouragent les filles à s’intéresser aux phénomènes de l’univers, et à nous aider à élucider ces mystères de l’univers dans le futur.

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